Sa Majesté le Roi Mohamed VI, visitera prochainement la station de traitement des eaux usées d’Aourir. C’est l’occasion pour Surfrider Foundation Maroc d’évoquer le traitement des eaux usées et de fournir quelques explications sur les techniques de traitement de l’eau.
Dans quel cadre s’est construite la station de traitement d’Aourir ?
Les travaux d’assainissement et le traitement de l’eau entrepris dans la commune d’Aourir s’inscrivent dans une démarche globale d’amélioration de la gestion de l’eau dans tout le Royaume. Cette dynamique passe aussi par la construction d’infrastructures de lutte contre les inondations et contre les sécheresses, ou encore par une modernisation des systèmes d’information dans le but d’avoir une meilleure connaissance de la ressource en eau.
À ce titre, au début des années 2000, le secteur de l’assainissement des eaux usées a été élevé au rang de priorité par le Royaume et dès 2005, le Programme National d’Assainissement (PNA) était mis en place. Les objectifs du PNA sont ambitieux : en milieu urbain, le taux de raccordement global au réseau d’assainissement devra atteindre 80% en 2020 et 100% en 2030 ! En ce qui concerne les eaux usées traitées, il faudra atteindre un volume de 60% en 2020 et de 100% en 2030.
En plus du renouvellement du matériel existant, le PNA a pour ambition de créer 330 stations d’épuration. Les frais engagés pour le PNA sont conséquents : 43 milliards de Dirhams !
Le résultat espéré est sans précédent, il est prévu que l’assainissement améliorera la qualité de vie de près de 9,40 millions d’habitants !
Il était urgent d’agir, chaque année, 22000 m3 d’eau s’écoulent encore directement dans les oueds et l’Océan…
Comme le souligne la RAMSA (Régie Autonome Multi Service d’Agadir) « malgré la collecte et le traitement d’une grande partie (70 %) des eaux usées du Grand Agadir, des problèmes importants restent à régler » : toute la zone nord d’Agadir n’est pas raccordée à un système de traitement des eaux usées (Port, Anza Urbain et Anza Industriel) !
Une station d’épuration pour plus de 61.000 citoyens
La station d’Aourir a mobilisé un investissement global s’élevant à 100 millions de Dirhams. Cet investissement a été entrepris par la SAPST (Société d’Aménagement et de Promotion de la Station de Taghazout) et par le Programme National d’Assainissement.
La station d’épuration d’Aourir, située entre Aourir et Tamraght (aussi appelée STEP d’Aourir), est gérée par la RAMSA, et sera utile à plus de 61.000 citoyens. Ce sont 7.600 m3 d’eau traitées qui en sortiront chaque jour.
Pour la STEP d’Aourir, le choix de traitement s’est porté vers la solution « boues activées très faible charge ». Parmi les différentes techniques de traitement qui existent (le lagunage naturel ou aéré; les disques biologiques; les lits bactériens; le traitement par boues activées en moyennes charge), c’est celle qui est apparue la plus adaptée aux contraintes locales, notamment parce qu’il fallait une technique spécialement adaptée au traitement de l’azote.
Cinq étapes pour le traitement des eaux usées
L’objectif d’une station d’épuration n’est pas de rejeter de l’eau potable dans le milieu naturel, mais une eau d’une qualité acceptable pour l’environnement. Pour des raisons sanitaires évidentes, l’eau traitée doit être débarrassée des bactéries et autres vecteurs de maladies.
Une station d’épuration fonctionne via un processus de traitement des eaux usées qui se fait en 5 étapes principales.
Tout d’abord, le dégrillage. Les eaux usées passent à travers une grille afin de filtrer les déchets les plus volumineux. Une fois les macro-déchets enlevées, les eaux doivent encore être débarrassées de leurs matières polluantes, c’est l’objectif des étapes suivantes.
La deuxième étape se fait en deux phases : le dessablage et le déshuilage. Les eaux s’écoulent dans un premier bassin où les matières plus lourdes que l’eau (sable, gravier) vont se déposer au fond, c’est le dessablage. Dans un deuxième bassin, les eaux sont agitées avec des bulles d’air afin de faciliter la remontée des huiles en surface où elles seront récoltées, c’est le déshuilage.
La troisième étape consiste en un traitement biologique. Il s’agit de reproduire en accéléré le processus naturel qui existe dans les rivières. L’eau arrive dans un bassin où se sont développées les bactéries. Ces être vivants microscopiques vont « digérer » les impuretés et les transformer en boue.
Vient ensuite la quatrième étape, appelée « clarification ». Les boues déposées au fond vont être raclées afin de donner une eau débarrassée de 80 à 90% de ses impuretés. Après des analyses et des contrôles, l’eau peut-être rejetée dans le milieu naturel.
Enfin, la cinquième et dernière étape concerne le traitement des boues. Elles sont séchées et mise en décharge ou bien peuvent être utilisées pour l’agriculture. Pour la station d’Aourir, un système de désodorisation est prévu pour le traitement des boues (épaississement, déshydratation par centrifugation, séchage ).
À la sortie, le contrôle de la qualité de l’eau potable est assurée à trois niveaux : par le système de production ONEP (Office National de l’Eau Potable), par le système de distribution RAMSA et par Ministère de la santé (service d’hygiène).
Un enjeu de développement durable
Les stations d’épuration offrent une triple solution sociale, économique et environnementale : elles permettent de réduire à la fois le déficit hydrique dont souffre particulièrement la région du Souss Massa (notamment en zone périurbaine). Elles permettent également d’offrir une solution au problème des eaux usées non-traitées qui posent un problème environnemental et sanitaire majeur.
À titre d’exemple, l’eau épurée de la station d’Aourir servira à l’arrosage du golf et de la zone touristique de Taghazout, à l’irrigation agricole du périmètre des bananiers, ainsi qu’aux espaces verts.
Les risques de la proximité avec le littoral
Située entre Aourir et Tamraght, il semble que le lieu d’implantation de la STEP soit contestable pour plusieurs raisons. Tout d’abord, sa proximité directe avec le littoral, le site se trouvant à quelques mètres de la côte, des plages et de fameux spots de surf. C’est une prise de risque que de placer la STEP si proche de l’océan, notamment pour les dommages qui pourraient être causés aux espèces végétales et animales via les rejets liquides. Mais c’est aussi un « gaspillage » de l’espace littoral, autrement valorisable (éco-tourisme, mise en valeur de la nature, etc.). Par ailleurs, la STEP n’est pas véritablement intégrée et dénature un paysage aux opportunités touristiques réelles… Enfin, sa proximité avec le village d’Aourir et de Tamraght expose la population aux désagréments de la gestion des eaux usées (risque d’odeurs).
Sources :
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